Suite aux recommandations de la Haute autorité de santé (HAS), la ministre de la Santé, Agnès Buzyn s’est résolue à supprimer le remboursement des traitements homéopathiques.
Après de longs mois de débats, d’abord entre les scientifiques puis dans la sphère politique, la décision est tombée. En effet, le gouvernement a tranché en faveur de l’avis de la HAS. Il a décidé de mettre en place progressivement le déremboursement de l’homéopathie. Le taux de remboursement, actuellement à 30%, passera à 15% en 2020 avant de tomber à 0% le 1er janvier 2021. Une décision qui est loin de ravir tous les Français.
Sujet de discorde à l’échelle nationale
Cette décision ne fait pas l’unanimité au sein de la population. Le corps médical ainsi que le personnel politique sont tous divisés sur la question. Avant même que l’avis soit rendu public, la passe d’armes avait commencé entre les partisans et les opposants.
Arguant d’une menace pesant sur 13 000 voire plus, les laboratoires homéopathiques ont rallié à leur cause, les élus locaux des zones où leurs usines sont implantées. Des poids lourds de la scène politique, entre autres Gérard Collomb, Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand, se sont mués en porte-paroles des fabricants auprès du gouvernement, sans réussir à faire bouger les lignes. Même la pétition, brandie par les laboratoires, qui revendiquait plus de 1,2 million de signatures n’y a pu rien faire.
Pour le groupe Boiron, leader mondial du secteur, il s’agit tout simplement d’une mesure « incompréhensible et incohérente ». Il semble donc que la défense du groupe devant la HAS le 12 juin, n’ait pas réussi à faire pencher la balance en leur faveur.
Les preuves de l’efficacité des préparations homéopathiques en cause
Si le gouvernement suit l’avis du HAS contre vents et marrées, c’est parce que les preuves scientifiques des vertus thérapeutiques de l’homéopathie sont inintelligibles.
Car, si les patients semblent bien y trouver un soulagement, celui-ci ne serait en grande partie dû qu’à un effet psychologique, si l’on en croit les scientifiques. Les détracteurs du remboursement de l’homéopathie usent surtout de cette donnée.
Ainsi, Olivier Véran, député de l’Isère, confiait pour sa part dans les Échos que la décision de dérembourser de l’homéopathie ne posait aucun risque sanitaire. Pour lui, les économies qu’allait apporter cette mesure permettront de payer d’autres types de médicaments. Quant à l’argument concernant le risque de perte d’emploi, il a jugé que la solidarité nationale ne devrait pas payer des emplois. Même son de cloche du côté de Thomas Mesnier, député de Charente, qui estimait dans le JDD que le déremboursement doit s’étendre « à tout traitement qui n’aurait pas montré la preuve de son efficacité. »
Impact du déremboursement de l’homéopathie au niveau universitaire
Cette décision a déclenché un autre débat au niveau universitaire. La question est de savoir si le titre de « médecin homéopathe » doit être maintenu ou pas. Le président du Conseil de l’ordre de médecin s’est donné pour mission, de recueillir les points de vue des universités avant de trancher. La décision devra être rendue au courant octobre lors d’une assemblée. S’il est encore tôt pour pronostiquer sur ce que décidera l’Ordre, il est toutefois important de signaler que certaines universités ont d’ores et déjà supprimé leurs formations dédiées à l’homéopathie.